Métiers d’homme
C’était un entretien comme les autres. A une différence près : le poste qui m’intéressait n’était pas accessible aux femmes.
« Mademoiselle, en fait, ce métier est spécifique aux hommes » me fait remarquer une dame, faisant partie des recruteurs.
« Vous n’avez pas spécifié cela dans l’offre » rétorquais-je.
« Mais le métier d’hôtesse est spécifique aux femmes » ajoute un autre recruteur, toujours de la gente féminine. Elle était plus sympathique, certes, mais elle aussi refusait toute alternative me permettant d’accéder au poste auquel j’aspirais.
« Pourquoi pas le métier d’hôtesse ? » me demanda froidement le premier recruteur.
« Parce que le métier de … (auquel j’aspirais) correspond plus à mon profil » répondis-je spontanément. Un des recruteurs hocha la tête, compréhensive, mais déterminée à ne pas me donner ma chance.
Je regardais le diplôme et l’expérience que j’avais, ils n’avaient donc aucun intérêt. Je n’étais pas un homme, et c’était une raison valable pour me refuser un travail.
Je ne suis pas une féministe engagée. Mon ambition n’est pas que les femmes dirigent le monde. Pourtant, je me suis sentie révoltée à l’idée que l’on me refuse un travail parce que je suis une femme. Au moins, j’aurais pu avoir des explications. Mais j’ai bien sentie que les recruteurs étaient eux-mêmes embarrassés de la situation. Mais quelle situation ?
La situation c’est que les métiers d’homme existent bel et bien, à Madagascar en tout cas. Ce sont ces métiers spécifiques aux hommes et difficiles d’accès aux femmes. Prenons, par exemple, une femme au volant d’un véhicule de transport public : bus, taxi, taxi-brousse, etc. De toute ma vie, je n’ai aperçu qu’une femme, une seule qui ait été chauffeur de bus. D’ailleurs, certaines personnes ne font pas confiance à une femme au volant, ils risquent de sortir avant le terminus.
En parlant toujours des transports publics, à Antananarivo, on a l’habitude d’avoir un « receveur » dans le bus. C’est généralement un homme qui indique, à chaque arrêt, les destinations du bus. Il est aussi chargé de collecter les frais des passagers. J’ai rarement observé des femmes qui faisaient ce métier (deux ou trois). A chaque fois, les passagers étaient en train de scruter ce spécimen nouveau : une femme receveur de bus. En passant, une petite vidéo de démonstration de ce métier à Antananarivo réalisé par un Youtubeur.
En bref, la femme est souvent écartée de certains métiers : des métiers d’hommes. Vous en connaissez ?
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